Christchurch : Une ville (presque) tranquille

Paul Cleave est l’auteur d’une douzaine de polars et de thrillers. Il a fait de sa ville natale, la capitale néo-zélandaise, le théâtre d’intrigues à tiroirs où l’on meurt de façon inopinée. Une série télé adaptée de son premier roman, Un employé modèle, sortira cette année dans l’archipel. Pas sûr que l’office de tourisme local lui en soit très reconnaissant…

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Il y a des endroits comme ça, que l’on fantasme, sans trop savoir où les situer sur une carte ni à quoi ils ressemblent. Pour un Français vivant en métropole, Christchurch est une chimère. Un lieu que l’on pourrait se contenter d’appeler «là-bas»... Christchurch, c’est tout en bas, dans l’hémisphère sud, à 18 500 kilomètres de l’Hexagone, quelque part sur l’une des deux îles de la Nouvelle-Zélande, à droite de l’Australie pour vous situer, avec la Nouvelle-Calédonie au-dessus et beaucoup d’eau, de glace, et quelques millions de manchots en dessous. Mais sinon, si vous n’avez jamais fait le voyage et que l’on vous demande au débotté: « Christchurch, tu connais ? » Qu’est-ce qui vous vient en tête? Avouez-le… pas grand-chose. Ceux qui suivent l’actualité se souviennent peut-être des attaques terroristes d’extrême droite du 15 mars 2019 qui avaient fait cinquante et un morts et quarante-neuf blessés dans deux mosquées de la ville. Ceux qui s’intéressent à des groupes de musique underground se rappelleront que c’est de là que The Bats et leur pop rock lumineuse se sont élancés pour ne pas conquérir le monde, malgré une tournée américaine avec Radiohead. Et les lecteurs de polars et de thrillers, tels ceux de l’écrivain néo-zélandais Paul Cleave sauront par contre que la plupart de ses romans, dont le dernier paru en France, Sans un bruit (Sonatine), se déroulent à Christchurch (Ôtautahi en langue maori), ou dans ses environs. Normal, Paul est du coin. « J’y suis né, explique-t-il, et j’y ai été élevé. J’habite à cinq minutes de l’endroit où j’ai passé mon enfance. C’est fou, non ? »

Comme beaucoup de Néo-zélandais et d’Australiens, Paul a pourtant quitté son île pour arpenter la planète. « J’ai vécu quelque temps à Londres, raconte-t-il, et avant la pandémie, je passais trois mois par an à voyager à travers le monde. J’ai visité beaucoup d’endroits et traîné dans beaucoup de grandes villes, mais je continue de penser que je ne voudrais pas vivre ailleurs qu’à Christchurch. Quand je vivais à Londres, j’ai commencé à penser à un roman sur ma ville. Je ne vais pas vous mentir : il y a quelque chose ici qui en fait l’endroit idéal pour servir de trame de fond à mes livres, et il y a aussi quelque chose autour de la Nouvelle-Zélande que les gens, spécialement en Europe, trouvent très attirant. Le premier truc que les Français me disent en me rencontrant, c’est: « J’aime les All Blacks ». La seconde, c’est : « J’ai toujours voulu aller en Nouvelle-Zélande ». J’ai déplacé l’intrigue d’un de mes romans (Cauchemar, paru en 2019) en dehors du pays parce qu’il n’aurait pas fonctionné autrement, et c’est l’un de mes livres préférés. Pourtant, quand j’aurai 80 ans, et que je ferai le point sur ma carrière d’écrivain, j’imagine qu’il y aura deux ou trois livres situés par-delà les océans, mais que tout le reste se sera déroulé à Christchurch. » Christchurch, donc. Située sur l’île du Sud de la NouvelleZélande, dans la région de Canterbury, face au Pacifique, elle prend ses aises autour de la petite rivière Avon (Ôtakaro en maori), longue de 14 kilomètres, qui serpente jusqu’à l’estuaire et la baie de Pegasus. L’agglomération compte près de 400 000 habitants.

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« J’habite à moins de quinze minutes d’une plage, et à deux minutes d’une réserve naturelle où je peux aller courir. Je peux monter dans ma voiture et débarquer chez mes amis en moins de dix minutes. Et il y a rarement des millions de personnes à traîner sur la route ou sur les sentiers en même temps. C’est super. Nous avons aussi ces vents chauds parfois qui se créent dans les montagnes, prennent de la vitesse, se réchauffent encore en passant au-dessus des plaines du Canterbury et viennent ensuite frapper la ville. Pendant ces nuits-là, j’ai des amis qui viennent à la maison, on allume le barbecue, on boit quelques verres, ou alors je pars courir, je vais faire un tour à la plage ou j’enfourche mon vélo pour faire du VTT », se réjouit l’auteur.

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