David Lagercrantz, l’homme qui voulait écrire

Conversation sur le mode lagom (l’art de vivre à la suédoise, prônant la pondération) avec l’auteur mondialement connu de l’autobiographie de Zlatan lbrahimovic, mais aussi de la fin de la saga Millénium, dont il a écrit les tomes 4, 5, et 6 à la suite de Stieg Larsson. Une rencontre passionnante avec un homme charmant au regard malicieux, tout en discrétion et profondeur. Un fin observateur de la société suédoise et des fissures qui en entament la façade pourtant si lisse

Crédit photo : Paulo Bevilacqua

Vue de France, la Suède semble un pays plutôt tranquille. Or, il y a énormément de polars suédois. On a du mal à croire qu’il y ait tant de meurtres …
Pendant longtemps la Suède a été un pays paisible et nous, Suédois, étions d’autant plus horrifiés quand il y avait un meurtre. Mais tout a changé. Enfin, il y a toujours peu de criminalité si on compare à d’autres pays, mais il y a de plus en plus de meurtres dans les banlieues, notam­ment des règlements de compte entre gangs criminels. C’est le cœur du problème en Suède actuelle­ment. Et cela a malheureusement fait le jeu de l’extrême droite qui s’est appuyée là-dessus pour gagner les élections récemment. Mais c’est un autre sujet..

Et puis, il y a eu l’aventure Zlatan. Racontez-nous.
Ça a été un tournant de ma vie. Je commençais à être considéré comme un écrivain sérieux. En tout cas, c’était mon impression. Je venais de publier un roman sur Alan Turing (Indécence manifeste, Actes Sud, 2016). Mon éditeur m’a demandé si j’avais envie d’être un écrivain fantôme. J’ai dit que c’était hors de question ! Mais il a ajouté qu’il s’agissait d’écrire l’autobiographie de Zlatan lbrahimovié. Il faut se rappeler qu’à l’époque, Zlatan était l’équivalent de Dieu sur terre. Alors j’ai dit oui ! Je l’ai écrit. Et cela a été je crois le plus grand succès d’édition de l’histoire de la Suède. Nous avons vendu cinq cent mille exemplaires en deux mois. Ça m’a changé profondément. Je me suis rendu compte que l’es­sentiel n’est pas la bénédiction de la critique littéraire. Ce que j’ai appris avec cette expérience, c’est le pou­voir des livres. Dans les banlieues, des hommes qui ne lisaient jamais, qui n’étaient jamais entrés dans une librairie ou une bibliothèque de leur vie ont acheté ce livre, l’ont lu et, qui sait, ont peut-être renoué avec la lec­ture. J’ai donné des conférences, rencontré des écoliers et des lycéens. Ce sont des expériences très riches, qui m’ont longtemps nourri.

Comment on gère un tel succès ?
Eh bien, je dois dire que j’ai eu la chance de ne plus être si jeune que ça quand c’est arrivé. J’étais donc tout à fait armé ! Ce n’est pas la même chose si cela vous arrive à 18 ans. En fait, ce succès m’a donné la confiance qui me manquait. J’ai été gâté avec ce livre. J’ai même été finaliste d’un prix littéraire. Et puis j’ai été contacté par des gens très connus qui voulaient absolument que j’écrive leur histoire ! Et c’est à ce moment que j’ai reçu un appel de la maison d’édition concur­rente de celle où j’étais …

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