Rencontrer ses héros ou héroïnes est parfois hasardeux, décevant. On s’imagine l’auteur qu’on admire comme aussi attachant que ses personnages. On fantasme. Et puis, forcément, comme lors qu’on visionne une adaptation télé d’un livre qu’on a adoré, on est déçu. Rien de tel avec Elizabeth George. Rencontrer Elizabeth George, c’est rencontrer une immense dame de la littérature, celle que l’on surnomme la « Queen of crime ».
Rendez-vous est pris dans le salon d’un bel hôtel du VI• arrondissement de Paris, où son attachée de presse a ses habitudes. L’auteure est en France pour le festival Quais du polar à Lyon et nous a fait la gentillesse de nous accorder un entretien. L’Américaine est définitivement aussi formidable et sympathique que ses personnages. Petit aperçu de cette conversation privée. Les lecteurs de la série mettant en scène Barbara Havers et Sir Thomas Linley sont ravis à chaque fois que paraît un nouveau roman. C’est comme attendre une récompense, retrouver des amis après longtemps …
Je suis toujours heureuse de savoir que les lecteurs apprécient mes livres et aiment mes personnages. Je consacre tellement de temps et d’énergie pour les faire exister que ça me fait un bien fou !
Vous avez commencé à écrire très jeune. Vous avez toujours aimé écrire des histoires?
Enquête dans le brouillard est mon premier livre publié. C’était en fait ma troisième tentative. j’avais déjà deux manuscrits dans mes tiroirs. C’étaient aussi des romans policiers. À l’époque, je me disais que le polar était un moyen efficace pour se lancer : après tout, vous avez un plan, un crime, il faut trouver le tueur. C’était rassurant. Ça me donnait un cadre. Petit à petit, je me suis rendu compte que je pouvais ajouter de la chair. j’ai commencé à explorer de nouveaux territoires, de nouveaux personnages, à créer de la profondeur. j’ai compris qu’à partir du moment où le crime était résolu à la fin du livre, je pouvais faire ce que je voulais.
Vous pensiez passer à la littérature blanche après avoir fait vos armes avec des romans policiers?
J’ai toujours été intéressée par tout ce qui touche au crime, à la justice, mais surtout à la psychologie humaine. Que font les gens au pire moment de leur vie? Comment réagissent-ils? Qu’est ce qui motive les gens pour prendre certaines décisions quand tout va bien mais aussi quand tout va mal ?
C’est ce moment de bascule qui est fascinant?
Tout à fait. Qu’est ce qui fait qu’un être humain doué de raison, d’un système de valeurs, soudainement bascule et commet un crime ? Je suis sidérée par le fait qu’à notre époque, alors qu’il est quasi impossible avec les avancées scientifiques, l’analyse des scènes de crime, l’utilisation de l’ADN, de tuer quelqu’un sans laisser de traces, que des individus pensent encore pouvoir le faire. Vraiment, la seule manière de s’en sortir en tant qu’auteur d’un crime, c’est d’arriver à faire croire que le défunt est a priori mort de causes naturelles comme un infarctus par exemple, ou une noyade. Aux États-Unis, c’est évident qu’à un moment donné, les flics vont retrouver les assassins, surtout que la plupart des crimes sont commis par arme à feu.
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