Surnommée « la Lionne » dans les couloirs des tribunaux, classée régulièrement parmi les avocats les plus puissants de France par le magazine GQ, elle est surtout une passionnée qui a enfilé la robe par vocation. Entretien sans langue de bois avec une pénaliste hors normes.
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Une maison de ville dans un quartier pavillonnaire de Bobigny, non loin du palais de justice. Sur la plaque apposée à l’entrée, une simple mention : « Avocats ». C’est ici que Clarisse Serre nous a donné rendez-vous. En plein promotion de son premier livre La lionne du bureaux (Sonatine), elle enchaine les plateaux télé, studios radio et interviews tout en continuant à travailler ses dossiers et à préparer ses prochaines assises. La parole est à la défense…
Pourquoi sortir ce livre aujourd’hui et sous cette forme de témoignage ?
Cela faisait longtemps que l’idée d’écrire me trottait dans la tête. Je savais ce que je ne voulais pas faire : livrer une biographie. Alors, il y a une photo de moi sur la couverture, mais je ne voyais pas l’intérêt de raconter ma vie, mon œuvre. Il y a aussi des éléments personnels dedans, mais c’est surtout une manière de parler de ce que je peux ressentir vis-à-vis de la justice et du métier de pénaliste. Ma réponse à l’image que l’on se fait de nous, de ceux qu’on appelle les « ténors », de la réalité du terrain aussi. Les gens pensent qu’on met la robe, qu’un chauffeur vient nous chercher pour nous déposer au tribunal, qu’on plaide avec une grosse voix, qu’on obtient un acquittement (ou pas) et qu’on repart… J’avais envie de casser ce cliché. La plaidoirie représente entre 10 % et 15 % de mon activité. Le reste du temps, c’est du travail : consulter des dossiers, recevoir les familles, aller voir les clients en prison, envoyer les demandes écrites aux juges d’instruction. Ensuite, concernant les« ténors», en vingt-sept ans de métier, je n’ai toujours pas trouvé de mot équivalent pour les femmes. Quand j’ai débuté, on ne parlait que d’eux, nous étions peu de femmes. J’avais envie de dire que nous sommes là aussi, souvent plus discrètes, mais tout aussi efficaces. Mon éditeur a décidé d’écrire en quatrième de couverture que j’étais une « diva » en réponse aux « ténors », cela fait très plaisir, mais il faut relativiser. On utilise aussi parfois le terme de « sopranos », mais je trouve que le meilleur moyen de nous qualifier reste « pénalistes». À terme, je pense qu’on va arrêter de genrer et qu’on dira « c’est un/une pénaliste », point.
«Plaidez comme vous avez envie qu’on vous défende», écrivez-vous et dites-vous à chacun de vos collaborateurs…
C’est ma ligne directrice. Je donne toujours cette consigne au cabinet : quand on reçoit un courrier, particulièrement d’un détenu, on donne une réponse dans les quarante-huit heures. Je veux que les gens soient traités comme j’aimerais qu’on me traite. C’est très important pour moi et je suis heureuse que mon cabinet soit reconnu comme l’un de ceux qui écrivent le plus et qui répondent le plus rapidement.
Découvrez la suite de l’interview – dont les propos ont été recueillis par Marc Fernandez – dans le Alibi#12
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