Avant que Tinder ne soit créé, il était déjà possible de trouver l’âme sœur via la colonne cœur solitaire de certains journaux. Il suffisait de publier une annonce dans laquelle vous vous décriviez, donniez un moyen de contact, une adresse par exemple. C’était le leurre organisé par Henri Désiré Landru, son mode opératoire.
© Crédit photo : Agence photographique Rol
Né en 1869 à Paris dans le 19e arrondissement, Henri Désiré Landru grandit dans une famille modeste entouré de ses parents et de sa grande sœur. Il est plutôt bon élève et montre des aptitudes en dessin et mathématique. Cependant, il ne réussi pas à devenir architecte mais parvient à devenir commis d’architecte. Il utilise sa formation pour mentir à Marie-Catherine Remy, une blanchisseuse qui tavaille avec sa mère, pour la séduire. Elle tombe enceinte de leur premier enfant en 1891. Après son service militaire, ils se marient en 1893 et Henri reconnait sa fille. Ils ont ensuite trois autres enfants qui changeront de nom suite au déshonneur et à la perdition de leur père.
Le mensonge inventé pour séduire sa femme est un déclic. Entre 1893 et 1900, il exerce une dizaine de métier et change quinze fois d’employeur. La naissance de ses quatre enfants met la famille dans une difficulté financière, c’est là que Landru monte sa première grosse escroquerie. Il monte une soi-disant fabrique de bicyclette. Les clients doivent faire un acompte d’un tiers du prix. Evidemment, aucune commande n’arrive jamais mais Landru empoche l’argent. Il devient de plus en plus créatif en matière de mensonge et n’hésite pas à prendre de fausses identités. Il collectionne ainsi les amendes et les peines de prison. En 1909, il est condamné à trois ans de prison ferme après avoir embobiné une jeune femme à laquelle il s’était fiancé et parti avec tout ses biens sans laisser de nouvelles. A peine sorti de prison, il décide d’acheter un garage qu’il revend tout de suite, avant même d’avoir finaliser son achat avec le propriétaire initial. Il est condamné par coutumace à quatre ans de prison. Etant donné qu’il s’agit là de la troisième condamnation en moins de trois mois, Landru est condamné au bagne en Guyane à perpétuité. Sachant ce qu’il l’attend et les horreurs qu’il va subir, on pense (bien que ce ne soit qu’un conjecture) que c’est à ce moment qu’il se transforme en assassin.
Annonce maritale parue le 16 mars 1915 dans L’Echos de Paris
Henri était toujours dans une situation précaire, et pour remédier à sa situation, il monde un nouveau plan : les fameuses annonces pour cœurs solitaires dans les journaux. Il disait être veuf, esseulé et profitant d’une certaine aisance. Il promettait pouvoir s’occuper de la femme qui voudrait bien de lui. Il essayé donc toujours de choisir des dames plutôt aisée et éloignée de leur entourage. Ainsi, il loua différentes villas dans la périphérie de Paris, les plus tranquilles possible. Il tue quatre personnes dans sa villa de Vernouillet mais qu’il va abandonner suite à un banal contrôle dans le train. Il avait un billet périmé, une fausse identité et Vernouillet comme résidence principale. Il s’en va à Gambais pour son caractère éloignée de la population. Landru tente d’attraper les femmes dans le besoin et les conséquences de la Première Guerre mondiale sont toutes à son avantage. Il peut mentir sur ses papiers qui ont « disparus », supprimés par les Allemands lord de l’occupation. Chaque fois, il fait main basse sur les comptes bancaires de ses victimes avant de les tuer pour ne pas se faire dénoncer.
En 1918, le maire de Gambais reçoit une lettre d’une certaine Mme Pellat, lui demandant des nouvelles de son amie Mme Anne Collomb qui s’est installée dans la ville avec son fiancé M Dupont. Mais le maire ne connait pas cet homme. Un peu plus tard, il reçois une autre demande de la part de Melle Lacoste à propose de sa sœur Célestine Buisson qui s’est installée dans sa commune avec son fiancé M Frémyet. Cela lui semble louche. Tant de similitude dans ces deux requêtes. Il retrouve alors les deux annonces auxquelles les deux femmes avaient répondues. Les deux familles s’unissent pour porter plainte contre X. L’inspecteur Jules Belin s’en mêle et trouve la villa de Landru. Mais à partir de là l’enquête piétine et stagne. Ce n’est qu’en avril 1919 qu’une ancienne voisine de Melle Lacoste reconnait l’ancien fiancé de Célestine au bras d’une nouvelle dame. Elle s’empresse de prévenir les autorités et Belin reprend l’enquête. Landru évolue alors sous le nom de Lucien Guillet. Belin le retrouve à son domicile. Sur place, il trouve un document au nom de Henri Désiré Landru. Le lien est fait. L’inspecteur retrouve également un carnet avec le nom des onze victimes du meurtrier.
Portraits des victimes d’Henri Désiré Landru
L’affaire fait alors la une des journaux et le nom de Landru apparait partout, ce qui permet à beaucoup de gens de témoigner, et ainsi de faire avancer l’enquête. On retrouve d’ailleurs des garages lui appartenant où il stocke les affaires de ses victimes, et un registre dans lequel est répertorié l’ampleur de ses arnaques : il a approché pas moins de 283 femmes grâce à ses annonces dans la colonne maritale. Elles n’ont pas toutes été sélectionnée car beaucoup d’entre elles n’étaient pas suffisamment isolée socialement. Il est donc arrêté pour les onze meurtre le 14 avril 1919. On retrouve également dans son appartement de Rochechouart ainsi que dans les villa de Vernouillet et Gambais des restes humains en cendre. En tout, la police récupère 4,176 kg de débris d’os calcinés dont 1,5 kg venant de source sûre de corps humains correspondant à trois crâne, cinq pieds et six mains, ainsi que 47 dents ou fragments de dents. Il y avait aussi de nombreux outils comme des scies à métaux, des scies à bûches et beaucoup de charbon. Aujourd’hui, il semble communément admis qu’il découpait ses victimes, enterrait certaines parties du corps pour garder les têtes, les pieds et les mains pour les brûler dans son four.
En aout 1920, un dossier de plus de 5000 pièces récapitule toute l’affaire. Il contient beaucoup d’accusation mais rien qui ne l’inculpe définitivement. Il n’avoue d’ailleurs rien et n’accepte de parler qu’à deux aliéniste afin de les manipuler pour l’accuser de démence.
© Crédit photo : agence de presse de Meurisse
Le procès s’ouvre en novembre 1921 et il attire le Tout-Paris. On y voit d’ailleurs Mistinguett, Raimu, Berthe Bovy ou encore Colette). Il fait d’ailleurs le comique. Par exemple, alors que Landru vient de déclencher l’hilarité du public par une nouvelle repartie, le président menace : « Si les rires continuent, je vais demander à chacun de rentrer chez soi ! », ce à quoi Landru réplique : « Pour mon compte, monsieur le Président, ce n’est pas de refus ». Il est finalement condamné le 30 novembre 1921 à la guillotine. Des débuts de son incarcération en 1919 et jusqu’à son exécution en 1922, il a reçu 4000 lettres d’admiratrices exprimant leur admiration dont 800 demandes en mariage. Cette fascination érotique est appelé hybristophilie.
Qu’est-ce que sont devenues les maisons ?
Sa villa de Gambais a été pillée, rachetée par un restaurateur qui a fait une partie musée, puis finalement vendue à un particulier. La cuisinière aurait été acquise par un collectionneur américain ou bien vendue aux enchères. Passée à travers diverses mains, elle est à présent chez le l’animateur, producteur et humoriste Laurent Ruquier, passionné de l’affaire et qui a d’ailleurs écrit une pièce de théâtre sur ce sujet.
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