Interpol célèbre cette année ses cent ans ! L’idée de créer un organe mondial de police est née quelques années auparavant, lors du premier Congrès de police judiciaire internationale qui se déroule à Monaco en 1914.
Crédit photo : © Interpol. Ville de Lyon
Si Interpol célèbre cette année ses cent ans, l’idée de créer un organe mondial de police est née quelques années auparavant, lors du premier Congrès de police judiciaire internationale qui se déroule à Monaco en 1914. À l’invitation du Prince Albert 1er, des juristes et des policiers venus de 24 pays se réunissent pour débattre d’une possible coopération concernant la résolution des enquêtes, les techniques d’identification et l’extradition. Si la réunion connaît un franc succès, la Première Guerre mondiale mettra le projet en attente. C’est en 1923 qu’il est relancé, à l’initiative de Johannes Schober, chef de la police de Vienne (Autriche), lors d’un second Congrès. Le 7 septembre de cette année, la Commission Internationale de Police Criminelle (CIPC) voit le jour et compte vingt pays membres, parmi lesquels l’Allemagne, la France, les États-Unis, la Yougoslavie, l’Italie, le Japon ou encore la Suède et l’Égypte. L’objectif de la CIPC est d’assurer l’assistance réciproque entre les polices de ces pays. Dès le départ, on trouve ce qui fait encore aujourd’hui la spécificité d’lnterpol, à savoir l’aspect coopératif, le contact direct entre les polices, mais aussi la mise en commun des techniques dactyloscopiques et des fichiers d’empreintes digitales, tout comme la création de bureaux spécifiques (dédiés alors à la fausse monnaie et aux faux passeports). Le système d’archivage manuel comprend des fiches nominatives (classées par ordre alphabétique et phonétique), des documents officiels (documents d’identité et immatriculations des véhicules) et des données sur les infractions commises (classées par type et par lieu de commission); ces informations sont complétées par des dossiers comportant les empreintes et les photos. L’Autriche propose d’accueillir le siège de la nouvelle entité à Vienne et Johannes Schober en devient le premier président, tandis que Oskar Dressler, chef de la police fédérale autrichienne, est nommé secrétaire.
Crédit photo : © Interpol.
L’histoire d’lnterpol n’est pas un long fleuve tranquille. Elle évolue au gré des évènements internationaux, des relations diplomatiques mais aussi des découvertes scientifiques et technologiques. Dès 1932, les membres de l’organisation font évoluer son statut et créent le poste de secrétaire général, qui sera occupé pour la première fois par Oskar Dressler, directeur général de la police autrichienne, jusqu’en 1946. Lui succéderont Louis Ducloux (France), de 1946 à 1951 ; Marcel Sicot (France), de 1951 à 1963 ; Jean Népote (France), de 1963 à 1978 ; André Bossard (France), de 1978 à 1985 ; Raymond Kendall (Royaume-Uni), de 1985 à 2000; Ronald K. Noble (ÉtatsUnis), de 2000 à 2014 ; et Jürgen Stock (Allemagne), en poste depuis 2014. Un an plus tard, en 1947, le réseau radio international de l’organisation est mis en service. Il s’agit d’un système autonome de télécommunications à l’usage exclusif des services de police judiciaire nationaux. En 1966, 34 pays l’utilisaient pour plus de 90 000 messages annuels. Aujourd’hui, des millions de messages sont transmis chaque année via un nouveau système de communication policière sécurisé en ligne, auquel les 195 états membres ont accès.
La Seconde Guerre mondiale vient bouleverser l’ordre mondial. La commission internationale de police criminelle (CIPC) en fait les frais et paie le prix fort. Les nazis s’emparent de sa direction dès 1938 après avoir destitué le Président Michael Skubl de ses fonctions. La plupart des pays mettent alors fin à leur participation et elle cesse d’exister en tant qu’organisation internationale. En 1942, elle tombe entièrement aux mains des Allemands et s’installe à Berlin. Il faut attendre 1946 pour que la Belgique impulse sa reconstruction. Un mode d’élection démocratique du Président et du Comité exécutif est institué et le nouveau siège est établi à Paris. Cette même année, « Interpol » est choisi comme adresse télégraphique de l’institution. Dix ans plus tard, elle deviendra également son nom officiel : « Organisation internationale de police criminelle – Interpol ». Dans la foulée sont créés un emblème et un drapeau. Sur l’emblème, on trouve un globe terrestre pour signifier que les activités couvrent le monde entier, des rameaux d’olivier qui symbolisent la paix, une balance pour la justice et un glaive, pour l’action de la police. Le drapeau est orné de cet emblème au centre, entouré de quatre éclairs qui symbolisent les télécommunications et la rapidité de l’action policière. Le nombre de membres d’lnterpol ne cesse de croître depuis sa création et, surtout, depuis sa refonte. Des 20 fondateurs en 1923, l’organisation est passée à 50 pays en 1955 puis à une centaine en 1967. Du fait de l’évolution des frontières géographiques, notamment de l’éclatement de l’URSS et de la Yougoslavie, de nouvelles nations adhèrent : 150 en 1989, 195 depuis 2021.
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