Jake Adelstein : Tokyo Vice

Après le succès de son premier récit Tokyo Vice, décliné depuis en série télé, le plus japonais des Américains est de retour avec la suite de ses aventures au pays du Soleil-Levant. Dans Tokyo Detective, il continue son chemin dans les méandres du crime organisé. Rencontre avec un homme plus ariaisé, ais toujours aussi passionné.

Regard médusé de la vendeuse derrière a caisse, qui ne cache pas sa surprise quand il la salue dans un japonais par­ait en entrant dans sa boutique. Jake Adelstein est content de son petit effet, et c’est tout sourire qu’il jette un œil dans les rayons bien fournis de l’Oishi Market, une échoppe à deux pas de la place de la République, à Paris. Il en ressort avec plusieurs paquets de friandises quelque peu surpre­nantes, comme cet immense sachet de Kit Kat au goût… melon (même lui semble dérouté devant l’emballage rouge et blanc), qu’il offrira à la dame qui accueille les visiteurs à l’entrée de l’immeuble du groupe Delcourt, où sont situés les bureaux des éditions Marchialy, son éditeur depuis son premier livre.

À 54 ans, il semble plus calme et apaisé, moins stressé en tout cas que la première fois que nous avons croisé sa route. C’était en 2016, dans la capi­tale déjà, et le « jeune » auteur venait présenter en France son récit, Tokyo Vice. Sept ans plus tard, après plus de cent mille exemplaires vendus et une adap­tation en série – avec un premier épisode réalisé s’il vous plaît par Michael Mann en personne (qui pro­duit le show) -, il est devenu un écrivain accompli son nom compte désormais dans le renouveau du journalisme narratif américain, ou de la narrative non-fiction, comme on dit là-bas.
En ce lundi ensoleillé, lendemain d’un week-end lyon­nais intense lors du festival Quais du polar (le ren­dez-vous immanquable pour tous les amateurs du genre), Adelstein enchaîne les interviews et s’apprête à partir en tournée en librairies.

Il prend le temps de s’installer devant une tasse de café dans la grande salle de réunion du dernier étage de son éditeur et, avant de démarrer l’entretien, sort un petit paquet cadeau de son sac à dos. Tradition japonaise : offrir un présent à son interlocuteur. En l’occurrence, le pin’s de l’Association des correspondants étrangers de Tokyo. On lui glisse alors entre les mains un exem­plaire d’Alibi, qu’il s’empresse de feuilleter en s’at­tardant sur les photos et les illustrations. Après ces échanges emplis de politesse, la discussion plus for­melle démarre.
On l’a connu journaliste, on le retrouve détective privé et… converti au bouddhisme. « Je suis devenu prêtre bouddhiste le 28 mars 2017, le jour de mon quarante-­huitième anniversaire, annonce-t-il d’emblée. Bientôt, je serai prêt à célébrer des mariages et des enterrements … » Un mélange étonnant, fruit d’une trajectoire de vie qui a emprunté des chemins sinueux, jalonnés de moments tant sympathiques que sombres ou dange­reux. Ce qui n’a pas changé, en revanche, c’est sa pas­sion pour le Japon et le regard acéré qu’il porte sur ce pays qui l’a accueilli et adopté il y a de longues années déjà.

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