« Je voulais être flic avant d’écrire » : Anne Landais

Anne Landais est la cheffe de file d’une génération de scénaristes qui utilise le réel pour créer des fictions addictives. Après Engrenages, elle a écrit La Promesse et prépare une nouvelle série autour du métier d’avocat, dont on soupçonne qu’elle sera, encore, ultraréaliste. Elle se livre ici comme rarement sur l’écriture et, surtout, sur elle-même et ce qui l’inspire.

© Paolo Bevilacqua

Vendredi après-midi glacé, début février à Paris, rue de Belleville dans le XIX• arron­dissement. Anne Landais reçoit dans les locaux de Sortilèges Productions, cofon­dées avec Vassili Clert, rencontré sur la série Engrenages dont elle a supervisé quatre saisons pour Canal Plus. Leur première création, la série La Promesse avec Olivier Marchal et Sofia Essaïdi, vient de faire un carton surTF1, avec 8,3 millions de téléspecta­teurs pour le premier épisode. Très droite, élancée, l’an­cienne danseuse guide jusqu’au premier étage. Un grand rectangle lumineux avec un canapé, un ordinateur posé sur un mini-bureau, et une grande table en bois rustique autour de laquelle Anne cogite avec ses collaborateurs, parfois des journées entières. Aux murs, sur un tableau de liège, le découpage version Post-it de Désordres, sa nouvelle série prévue pour Canal Plus. Plus loin, un peu caché, un poster d’Engrenages avec le capitaine Laure Berthaud, interprétée par Caroline Proust.

Où écrivez-vous ?
Depuis trois ans, là … dans ce bureau. Avant, je travail­lais à domicile, j’habite à deux pas. Je m’étais aménagé une pièce. Je cogitais sur une scène entre la préparation du repas, le bain de mes enfants ou en surveillant les devoirs. J’ai eu beaucoup de mal à sortir de chez moi. Maintenant, j’ai un vrai bureau, très cosy. Je fantasmais de commencer ma journée en y faisant du yoga mais je ne peux pas partir de chez moi sans être habillée, maquillée. Je me vois mal arriver en pyjama au bureau.

Avez-vous des rituels d’écriture ?
Oui. Je suis incapable de travailler dans un café. J’ai besoin d’avoir un espace dédié, à moi, où règnent calme et silence. Il y a beaucoup de bruit dans ma tête quand je construis un scénario. Je suis avec mes person­nages, mes histoires. Je ne m’en­nuie jamais. Puis je referme mon ordi, je rentre. Et là, le silence se fait. Dans ma tête …

© Paolo Bevilacqua

Et s’il vous vient une idée au débotté, vous la laissez passer ?
Ouh là ! surtout pas ! J’ai toujours des petits papiers, des cahiers pour noter, mon portable aussi. L’autre jour, j’avais galéré sur une scène, et sur le chemin du retour, j’ai trouvé la phrase clé d’un dialogue. Je me suis dit : « Mince, mince, il faut que je note. » Je me suis envoyé un SMS. Sur mon téléphone, je reçois beaucoup de messages venant de moi-même.

D’autres tics 7 Faites-vous des pompes au bureau, comme certains le confient ?
Pas de pompes. Un shoot de café en arrivant, et après je passe au thé. Je prends beaucoup de notes sur des carnets, plutôt des cahiers que je conserve. J’en ai une quinzaine pour Engrenages. J’absorbe en notant. Les synopsis, les dialogues, je les écris sur ordi. J’ai besoin que ce soit beau, bien présenté. Je prends un temps fou pour choisir ma police (de caractère).

Découvrez la suite de l’interview dans votre Alibi#5

Alibi#5 De Truman Capote à engrenages
Le polar, miroir de la société
Portrait de Michel Bussi l’un des plus gros vendeur de livre du pays.

Découvrir