Manfred Genditzki n’est« pas un meurtrier, il est acquitté, et ainsi innocenté». C’est ce qu’a récemment déclaré un porte-parole du tribunal de Munich en Bavière à l’issue du procès d’un homme de 63 ans qui a passé plus de treize ans en prison pour un meurtre qu’il n’avait pas commis, clôturant ainsi un cas spectaculaire d’erreur judiciaire dans le pays.
La justice allemande l’avait déclaré coupable en 201 0 du meurtre, deux ans plus tôt, d’une femme de 87 ans. Il avait été condamné à la perpétuité, dans ce que les médias locaux avaient alors appelé« le meurtre de la baignoire». La victime avait été retrouvée morte dans sa baignoire, et Manfred Genditzki, qui travaillait alors comme concierge dans la résidence où elle vivait, avait été accusé de l’avoir frappée lors d’une dispute puis de l’avoir tuée. La condamnation avait été confirmée lors d’un procès en appel en 2012.
Cet homme calme et sans histoire avait toujours clamé son innocence. Après plusieurs années de combat, sa nouvelle avocate a réussi à obtenir des expertises complémentaires. Une nouvelle analyse thermique prenant en compte la température de l’eau a conclu à une heure du décès complètement différente, déchargeant Genditzki de tout soupçon. Une deuxième expertise via une simulation par ordinateur montrait par ailleurs que la mort pouvait avoir été accidentelle. Les doutes sur sa culpabilité étaient devenus tellement évidents qu’il avait été remis en liberté en août 2022.
Il vit depuis avec sa famille et travaille comme chauffeur dans une fromagerie. Le parquet lui-même avait réclamé un non-lieu, qui a pu être prononcé« sur la base de méthodes nouvelles» qui n’étaient pas à la disposition des enquêteurs quand le jugement a été prononcé, a expliqué un de ses porte-paroles.
Manfred Genditzki doit encore être indemnisé par les caisses de l’État pour ces 4 915 jours passé à tort en prison. La loi allemande prévoit 75 euros de dédommagement par jour, ce qui donnerait une somme totale de près de 369 000 euros pour toutes les années de liberté perdue.
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