L’affaire des empoisonneuses de Marseille

On dit souvent que le poison est l’arme des femmes, un outil discret et radical utilisé pour se débarrasser de ceux qui nous dérange. Et si, pour vous aider vous utilisiez les services d’une tireuse de carte ? Figurez-vous que c’est déjà arrivé !

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Le 28 août 1868, un certain Barthélémy Marino débarque au commissariat de Marseille pour y dénoncer Marie Autran, Rosine Salvago et Joséphine Duguet. Il les accuse d’avoir empoisonné leurs maris et remet, par la même occasion, un échantillon du poison choisi par ces dames aux agents que le reçoivent.
Une question se pose alors : comment Barthélémy Marino savait-il cela ?

Tout commence le 20 août lorsqu’une certaine Fanny Lambert débarque à la recherche de Miette Marino, fleuriste de son état et la femme de ce cher Barthélémy. Ne la trouvant pas, elle décide de s’adresser à une autre fleuriste, Angélique Jourdan. Elle lui dit de prévenir Miette que la maitresse de son mari souhaite l’empoisonner. Angélique ne manque pas de transmettre le message et voici que Miette panique et ne sait plus où donner de la tête. Apeurée, elle décide d’en parler à son mari. Celui-ci la rassure et affirme mener son enquête de son côté. Il se s rend alors chez Marie Autran, récemment devenue veuve, dont il est l’amant depuis deux ans. Elle nie évidemment toute l’affaire mais révèle être en contacte avec un certain Jean-François Joye, un herboriste spiritiste, pour une histoire d’achat de plantes.

Barthélémy décide d’aller au bout de l’affaire et rend visite à ce Jean-François Joye et décide de monter un coup quelque peu tordu. Il se présente à la boutique de l’herboriste pour discuter. Il affirme être au courant pour Antoine Ville, le défunt mari de Marie Ville, il précise être son amant et qu’il souhaite à son tour se débarrasser de sa femme afin de pouvoir vivre heureux avec celle qu’il aime vraiment. C’est là que Joye révèle que c’est Fanny Lambert, la liseuse de carte, qui s’est occupée d’administrer du poison à M. Ville mais celui-ci n’ayant pas fonctionné, Marie est alors allée voir Joye pour qu’il l’aide à finir le travail. Il lui vend alors une poudre blanche. L’herboriste promet qu’il va aider Barthélémy dans sa quête et lui affirme qu’il livrera chez son amante le même poison. Barthélémy accepte et ravi de cet entrevue, il retourne chez sa maitresse pour lui extraire la vérité. Non seulement celle-ci avoue tout mais elle ajoute également qu’elle prévoyait de le tuer si jamais il refusait de rester avec elle après le meurtre de Miette. Barthélémy ne se démonte pas et continue de jouer la comédie. Il lui avoue craindre que quelqu’un puisse un jour savoir qu’il a tué son épouse. Marie le rassure alors en lui assurant que d’autres femmes l’ont fait avant. Elle cite Rosine Salvago et Joséphine Duguet. En partant, ni une ni deux, Barthélémy se rend directement au commissariat avec le poison en preuve. Le 29 août, la police arrête Fanny Lambert, Jean-François Joye, Marie Autran, Joséphine Duguet (veuve de Gabriel) et Rosine Salvago (veuve de Jean Salvago). Le procès s’ouvre le 4 décembre 1868 et se clôture le 8. Jean-François Joye, Fanny Lambert, Marie Autran, et Joséphine Duguet sont condamnés aux travaux forcés à perpétuité et Rosine Salvago à 20 ans.

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