L’affaire Taman Shud : le profond mystère australien

Il s’agit du plus grand mystère Australien. Pendant plus de 70 ans, l’identité du mort de la plage de Somerton est restée introuvée. Suicide ou meurtre ? Mort par empoisonnement ? De nombreuses théories sont nées et la vérité est toujours enfouie.

Le matin du 1er décembre 1948, le corps d’un homme est retrouvé à 6h30 du matin sur la plage de Somerton Park, près d’Adelaïde en Australie. Le cadavre est non-identifié à ce moment-là, mais l’affaire est nommée ainsi à cause d’un petit papier trouvé dans la poche de la victime. Il était inscrit dessus « Tamam Shud » ce qui signifie « fini » ou « terminé » en persan. Cette phrase figure à la toute fin, en conclusion des Rubaiyat d’Oman Khayyam, un poète et savant persan du IXe siècle après J.-C. Les journaux ont utilisé l’appellation pour parler de l’affaire mais l’ont mal orthographié.
A ce jour, l’identité de la victime n’a toujours pas été identifié, le motif de la mort n’est pas non plus claire. On ne sais pas s’il s’agit d’un assassinat ou d’un suicide. Les causes sont aussi très flous bien qu’au bout d’un certain temps on finisse par identité un poison. De nombreuses théories émergent d’autant que la mort à lieu dans un climat de tension critique puisque nous sommes en pleine Guerre froide et qu’on a retrouvé également des phrases codées. S’agissait-il d’un espion ? Voici l’histoire de cet homme, jamais identifié.

© Police australienne. Il s’agit (à gauche) d’une photo du cadavre trouvé et du moulage en platre qui a été fait (à droite).

La police a tout de suite été appelée lors de la découverte du corps. Celui-ci reposait sur le sable, la tête reposant sur la digue, les jambes croisées vers la mer. Rien ne montre que le corps ait été déplacé après sa mort et posé là. Les gendarmes retrouvent une cigarette qui n’a pas été allumée derrière l’oreille de la victime et une cigarette à moitié consumée dans le col droit de son manteau. Dans les poches : un ticket de train de seconde classe allant jusqu’à Henley Beach depuis Adélaïde (non utilisé), un ticket de bus de la ville (utilisé), un petit peigne américain en aluminium, un paquet de chewing-gum aux fruits à moitié plein, un paquet de cigarettes de la marque « Army Club » contenant des cigarettes de la marque « Kensitas » et une boîte d’allumettes Bryant & May au trois quarts vide. L’homme était descendu à l’arrêt se trouvent environ à 1100 mètres au nord de là où il gît à présent. Différents témoins disent l’avoir vu dans cette position, sans jamais le voir bouger, sauf une fois le bras, comme s’il s’étirait. Ils ont pensé qu’il dormait ou qu’il était ivre, se demandant en rigolant s’il ne serait pas mort, sans chercher  vérifier.

Intervient alors pour l’autopsie le pathologiste Sir John Burton Cleland, appelé par le médecin légiste Thomas Erskine Cleland, son cousin. Il affirme que l’homme est d’apparence britannique et âgé de 40 à 45 ans. Ces mains ne présentent pas de défaut, il ne faisait probablement pas de travaux manuels. Il portait des habits de bonne qualité mais toutes les étiquettes avaient été enlevées. Il n’avait, sur lui, aucun document prouvant son identité et son emprunte dentaire ne correspond à aucune de celles recensée en Australie. Cleland révèle que l’heure de la mort se situe autour de 2h du matin. Il identifie également son dernier repas et affirme n’avoir trouvé aucune trace d’un quelconque poison. Scotland Yard est appelé au renfort, mais en vain. Le corps est alors embaumé le 10 décembre 1948.

© Police australienne. Emplacement du corps lors de sa découverte, marqué par un X, sur la plage de Somerton.

Deux journaux australiens – The Advertiser et The News – couvrent alors l’affaire. Ils publient une photo de la victime à la une afin d’appeler les lecteurs à identifier l’homme. Evidement, des centaines de réponses et hypothèse sont envoyés, toutes réfutés. Certaines personnes ayant été identifié se sont même présentées au poste afin de prouver qu’elles n’étaient pas mortes.

Le 14 janvier 1949, l’affaire prend un nouveau virage lorsqu’une mallette marron est retrouvée dans la gare ferroviaire d’Adélaïde et qui avait été enregistrée au vestiaire le 30 novembre 1948 vers 11h. On retrouve dedans différents outils mais en particulier un carton de fil ciré orange de la marque Barbour, qu’on ne trouve pas en Australie et qui correspond aux coutures des poches de la veste de notre victime. C’est donc probablement la sienne.

Le médecin légiste T.E. Cleland fit réexaminer le corps à son cousin J.B. Cleland qui fait remarquer que les chaussures sont en trop bon état pour avoir été utilisées dans le sable. Il réitère l’hypothèse que le corps ait été déplacé. De plus, s’il avait été empoisonné, on aurait dû retrouver des traces de vomissures ou de consultions du la plage… ce qui n’est pas le cas. Cedric Stanton Hicks, un professeur de physiologie et de pharmacologie à l’université d’Adélaïde intervient dans l’enquête et affirme que la victime a pu ingérer un certain type de poison, très toxique et qui est efficace en très petite quantité : peut-être de la digitaline ou de l’ouabaïne. Mais l’absence de vomissures laisse toujours planer le doute. De plus, il affirme que s’il l’homme était réellement mort 7h après avoir ingérer le poison, il aurait pris une grande quantité, or les traces sont infimes. Le mouvement de bras vu par le témoin autour de 19h était peut-être en fait une convulsion. Par ailleurs, l’estimation de la mort ayant été réalisée peu de temps après la mort, l’hypothèse de l’empoisonnement n’était pas encore évoqué et que celui-ci peut modifier totalement la rigidité cadavérique. Conclusion : il s’agit très surement d’un empoisonnement et l’heure du décès annoncé est fausse.

On remonte alors la piste du papier avec écrit Tamam Shud. On remarque qu’il a été arraché et que la page est blanche derrière. La police cherche alors l’édition du livre qui présente en fin de recueil une page blanche. Elle finit même par retrouver le livre duquel la phrase a été arrachée. On retrouve également des phrases codées :
WRGOABABD
MLIAOI
WTBIMPANETP
MLIABOAIAQC
ITTMTSAMSTGAB
On fait tout pour le craquer, mais en vain, et ce depuis 60 ans, bien que de nombreuses tentatives sont faites et que plusieurs hypothèses sont avancées  notamment celle de l’espionnage.

© Police australienne. A droite, les inscriptions trouvées au dos des Rubaiyat d’Omar Khayyam. Il pourrait s’agir d’un code. A gauche, le morceau de papier trouvé dans la poche de la victime, déchiré depuis la dernière page d’une édition rare des Rubaiyat d’Omar Khayyam.

Depuis 2009, une équipe de l’Université d’Adélaïde est repartie de zéro pour craquer le code, de  nouvelles recherchent ADN sont demandées car beaucoup de document de l’affaire ont été perdu. On a demande son exhumation mais ce fut refusé. Ce n’est qu’en 2021 que l’autorisation est donnée pour qu’on aille chercher le corps. Plusieurs comparaisons ont été réalisées, notamment avec le moulage en plâtre du corps, des mèches de cheveux et la liste de noms que les scientifiques avaient s’est peu à peu raccourcie pour laisser le nom de Carl Webb. Ils sont alors allé voir la famille et ont fait des tests AND… qui ont matchés. Carl Webb est né en 1905 dans la banlieue de Melbourne, dernier d’un fratrie de six garçons. Si’l était dans la région d’Adélaïde, c’est probablement parce qu’il cherchait à retrouver sa femme, de laquelle il était séparé.

On ne sait toujours pas s’il s’agit d’un meurtre ou d’un suicide. Pourquoi la famille de Carl ne s’est-elle jamais manifestée ? S’il était australien, pourquoi son type de mâchoire n’était pas recensée ?

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