Le Bluestar, la star des assises

Mais quel est ce produit miracle que les polices scientifiques du monde entier s’arrachent? Inventé par un chercheur français, le Bluestar triomphe sur les scènes de crime en révélant l’invisible …

Nous sommes le 29 juin 2021, aux assises de Loire-Atlantique, à Nantes, dans une affaire de qua­druple meurtre. Les victimes sont les époux Pascal et Brigitte Troadec, ainsi que leurs enfants Charlotte et Sébastien (âgés de 18 et 21 ans). Sur le banc des accusés, Hubert Caouissin, beau-frère de Pascal Troadec, qui a avoué les crimes. Son épouse est également jugée pour complicité. À la barre, en qualité d’expert, Pascal Olivier, qui explique: « Nous n’avions pas de corps. À partir d’accessoires, de vêtements, nous avons pu trouver quatre ADN, et vérifier qu’ils appartenaient bien aux personnes disparues. »

Le spécialiste en empreintes génétiques est formel. Hubert Caouissin est passé aux aveux suite aux élé­ments accablants assemblés par la police scientifique. Non seulement le sang des quatre victimes disparues, retrouvé à leur domicile (dans la chambre paren­tale, celle de Sébastien, la salle de bain et le garage}, témoigne de leur mort violente. Mais l’ADN d’Hubert Caouissin a également été retrouvé sur place, lui qui avait affirmé avoir rompu toute relation avec la famille depuis plusieurs années, suite à une sombre querelle d’héritage – qui se révélera le mobile. Retourné sur les lieux le lendemain de son meurtre, il était convaincu d’avoir méticuleusement nettoyé la scène de crime, avant de déplacer les cadavres qu’il a démembrés et brûlés. Ce qui l’a confondu ?

Le Bluestar, produit employé aujourd’hui par les polices scientifiques du monde entier pour déceler des traces de sang invi­sibles à l’œil nu. Il a été utilisé pour analyser le domicile des victimes, mais aussi le véhicule dont s’est servi l’as­sassin pour déplacer les corps. Pulvérisé sur des sur­faces où l’on soupçonne la présence de traces de sang, le Bluestar permet à ces dernières de produire une lumière bleue. Et à la vérité de briller – littéralement. Spectaculaire … Ce produit miracle a été développé aux débuts des années 2000 par un chercheur français, Loïc Blum, professeur de biochimie à l’université Claude-Bernard-Lyon et directeur du laboratoire de Génie enzymatique, membranes biomimétiques et assemblages supramoléculaires (Gembas). Sa spé­cialité : les enzymes, catalyseurs biologiques. Il avait été démarché par un certain Jean-Marc Lefebvre ­Despeaux, un entrepreneur monégasque, initiale­ment en quête d’un produit à l’usage des chasseurs, qui leur permettrait de voir les traces de sang du gibier même dans l’obscurité. L’homme d’affaires souhaitait que le chercheur optimise la formulation du Luminol, un produit de synthèse décrit pour la première fois au début du XX• siècle, et qui a la propriété d’émettre de la lumière en présence d’un composant oxydant, d’un catalyseur et en milieu alcalin. Le défi séduit Loïc Blum, mais avec un bémol de taille. « Une application pour la chasse ne m’intéressait absolument pas, ma condition pour travailler sur ce sujet était de développer la formule en vue d’un usage pour la police scientifique » se souvient ce dernier.

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