Ce prédateur éclectique – violeur pédophile, assassin d’enfants et meurtrier d’adultes – est le seul tueur en série français qui fut recherché par la police judiciaire durant plus de 30 ans. Un groupe chargé des cold cases à la brigade criminelle de Paris l’a traqué et a exploré des pistes pour tenter de le débusquer, mort ou vif.
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Les enquêteurs se transmettent depuis plusieurs générations leur savoir sur ce criminel caméléon qui leur échappe. Il a connu des problèmes de peau en 1986, apparue comme vérolée ou acnéique à des témoins, d’où le surnom du « Grêlé », mais ces marques se sont estompées dès 1987. Il est né entre 1956 et 1966. Il mesure plus d’un mètre quatre-vingts, est blanc et s’exprime bien en français. Il avait à l’époque un visage ovale au menton allongé, un teint pâle, des yeux marron, des cheveux châtain clair avec une mèche sur le front sagement peignée à gauche. De corpulence athlétique, il portait souvent des
tenues sportives – blousons, jean, baskets -, et affectionnait l’attirail militaire ou policier : carte barrée de tricolore, arme et menottes. Ses mains sont particulièrement grosses et rugueuses. À ses débuts, ce détraqué sexuel fumait des cigarettes blondes, roulait en juin 1994 à bord d’une Volvo 340 blanche et lisait la revue porno sadomaso Bédé. Les pisteurs du Grêlé savent presque tout de ce serial killer, sauf… sa véritable identité, son parcours et ce qu’il est devenu.
Crédit photo : © DR. Cécile Bloch et son chien Truffe.
Son apparition remonte au 5 mai 1986 avec l’assassinat de Cécile Bloch, 11 ans, dans les caves d’une résidence au 116, rue Petit, à Paris 19e. La scène de crime sexuel témoigne d’une grande sauvagerie, à même le sol sur un bout de moquette sale, et d’une mise à mort par étranglement avec des liens. L’intrus a préparé son forfait, bloquant l’un des monte charges avec une allumette et la porte d’accès au troisième sous sol avec un paquet de cigarettes. De plus, le pédophile a cherché sa proie pendant près d’une heure jusqu’à tomber sur cette petite fille seule. En effet, le frère de Cécile Bloch, ses parents et six voisins ont vu ce jeune homme multiplier les allers-retours en ascenseur entre 7 h 55 et 8 h 45. Ces témoins ont élaboré ensemble un portrait-robot qui reflète un visage avenant, avec un air de premier communiant et une peau constellée de boutons. Le frère de Cécile Bloch, qui a dévisagé le tueur de sa sœur le temps de la descente de trois étages dans l’ascenseur, lui met une note de fiabilité de 7 sur 10, ce qui est plutôt un bon résultat. Ce procédé aléatoire aide l’enquête en ces années 1980 où la police scientifique reste archaïque. Les traces de sang et de sperme ne peuvent livrer qu’un groupe sanguin : A+, ce qui représente 40 % de la population. Pourtant, le frère aîné de la victime, Luc Richard-Bloch, alors étudiant en biologie, explique aux enquêteurs la récente découverte britannique de l’empreinte génétique qui permet d’incriminer à coup sûr des coupables. Mais les poulets de la Crim’ n’ont jamais entendu parler de l’ADN, « pour nous, c’était de la science-fiction », avouent-ils.
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Alibi#1 Affaires non résolues
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