Qui est donc cette femme qui fait de Lidia fait sa loi la série numéro 2 sur Netflix ? Qu’a-t-elle fait pour faire avancer le monde ?
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Née à Perrero, en Italie, en 1855 dans une famille de huit enfants. Elle passe son enfance entourée de ses frères, et notamment d’Enrico qui est avocat, dans son village natal puis à Pignerol. Elle obtient son diplôme d’enseignante et s’en va quelques temps à Aubonne, non loin du lac Léman afin d’y apprendre l’anglais et l’allemand. Elle retourne à finalement à Pignerol en 1878 pour s’inscrire à la faculté de droit de l’université de Turin. En 1881, elle obtient son diplôme avec une thèse sur le statut de la femme dans la société et sur leur droit de vote. Elle travaille un temps dans la cabinet de l’avocat et sénateur Cesare Bertea.
Mais elle aspire avant tout à devenir avocate, au même titre que son frère ou que tous les hommes avocats. Lidia passe alors les examens qu’elle réussit et passe sa demande pour rejoindre le barreau de Turin. C’est la première fois de l’histoire du royaume d’Italie qu’une femme fait une telle demande et cela soulève de nombreux débats et polémiques dans le monde juridique de l’époque. La loi joue finalement en sa faveur car il n’est à aucun moment stipulé qu’une femme n’a pas le droit de passer cet examen. Sa requête est acceptée à la majorité (8 votes sur 12) en août 1883. Elle est la première femme à rentrer dans l’ordre. Malheureusement pour elle; le procureur général du Roi s’oppose à cette inscription et la retarde. Malgré de nombreux exemples d’avocates dans d’autres pays, le procureur soutient dur comme fer qu’une femme de peut pas exercer le métier de la loi et que ce n’est pas légal. En novembre 1883, la cour d’appel accepte l’opposition du procureur.
Il y avait deux arguments à cette décision: un argument juridique et un argument biologique. Juridique car les femmes ne jouissent pas des mêmes droits que les hommes devant la loi. Elles ne peuvent pas, par exemple, témoigner lors de certains procès, ni être témoin de la rédaction d’un testament. Biologique car leur cycle menstruel et leurs organes ne leur permettent pas la sérénité et la fermeté requises lors de plaidoyers. En outre, elle ne ferait que distraire ses collègues masculins et dérangerait l’ordre établi. Enfin, une présence féminine serait un outrage au savoir-vivre lorsqu’on aborderait des sujet qu’on ne peut pas aborder en présence du sexe faible. Lidia est alors exclue.
Elle présente alors un recours détaillé à la cour de cassation soulignant et appuyant sur le fait que les citoyens et citoyennes sont égaux devant la loi. En vin, en avril 1884, son recours est rejeté et la position du procureur affirmée et soutenue. Le coup final est porté par la situation marital de la jeune femme: elle n’est pas mariée, elle ne peut donc pas avoir d’autorisation maritale pour exercer la profession. C’est un obstacle insurmontable aux yeux de la cour qui ne peut être omis.
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Puisqu’elle ne peut être avocate, elle exerce dans le cabinet de son frère discrètement et s’engage dans la défense des droits des mineurs, des marginalisés et des femmes. Elle soutient en particulier le droit de vote pour les femmes. En 1883, au premier congrès international pénitentiaire (Primo Congresso Penitenziario Internazionale) à Rome. Elle y rejoint le secrétariat et représente l’Italie en tant que vice-présidente de la section du droit de nombreuses fois, notamment à l’étranger. Le gouvernement français l’invite d’ailleurs à Paris pour la remise de palmes académiques. Quand la Première Guerre mondiale éclate, elle se porte volontaire à la Croix-Rouge et devient infirmière.
En 1919, la loi Sacchi abolie le droit marital et permet ainsi aux femmes d’accéder à des postes dans la fonction publique sauf en magistrature, politique et dans le secteur militaire. En 1920, alors âgée de 60 ans, Lidia est enfin admise au barreau et devient avocate. En 1922, elle devient co-présidente du comité pour le droit de vote des femmes. Elle meurt en 1949, à 93 ans, après une vie de combat pour ses droits et ceux de toute la gente féminine et de nombreux hommages lui sont offerts.
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