Michel Bussi – Twist Again

Il est l’un des auteurs les plus lus du pays. Lun des plus sympathiques aussi. Si la critique littéraire ne lui fait pas toujours de cadeau, il n’en demeure pas moins l’un des romanciers préférés des Français. C’est l’histoire d’un mec bien, devenu au fil du temps maître dans l’art du rebondissement, qui fait passer des nuits blanches à ses lecteurs.

Crédit photo : Philippe Mazzoni

On aurait préféré le rencontrer chez lui, près de Rouen, mais la situation sanitaire et son emploi du temps des plus chargés en on voulu autrement. C’est donc dans les bureaux de son éditeur (Les Presses de la Cité) qu’il nous a donné rendez-vous en plein XIIIe arrondissement de Paris, bien loin du bocage normand et des maisons à colombages, tout près de la BNF. Distanciation sociale respectée, il s’installe au centre d’une grande salle de réunion impersonnelle (un peu à l’image de ces nouveaux bureaux en open space qui ont poussé un peu partout dans la capitale), où sont stockés des cartons pleins de son dernier roman Rien ne t’efface, un cappuccino à la main. Quelques jours avant cette rencontre, Le Figaro venait de le placer, une fois de plus, sur le podium des meilleurs vendeurs de livres du pays, sur la troisième marche cette année, derrière l’indétrônable Guillaume Musso et celle qui lui souffle la médaille d’argent, Virginie Grimaldi. Avec plus de huit cent mille exemplaires vendus en 2020, Michel Bussi demeure l’une des valeurs sûres du paysage éditorial. Et cela fait un moment que ça dure.

Tout sourire, il balaie d’une main les chiffres de vente. « Cela fait plaisir, je ne vais pas le nier, mais croyez-moi, je ne suis pas rivé sur ces classements au quotidien », dit-il d’une voix posée, choisissant ses mots, parlant lentement, distinctement. On sent l’habitude de l’ancien professeur devant son auditoire d’étudiants attentifs. Géographe, spécialiste de la géographie électorale, il a enseigné de nombreuses années à l’université de Rouen, où il a dirigé jusqu’en 2016 une unité mixte de recherche du CNRS. Michel Bussi a longtemps mené de front ses deux activités, universitaire et littéraire, avant de se consacrer pleinement à l’écriture, le succès aidant.

Son nouveau livre est sur le point de sortir au moment de cette rencontre et, comme tout le monde, il est sus­pendu à l’évolution de la pandémie. «C’est bizarre de publier un livre et d’avoir si peu de retours directs », concède-t-il. Lui qui avait l’habitude de faire une rencontre par semaine en médiathèque, bibliothèque ou librairie en plus des salons et festi­vals, et qui aimait ce contact avec ses lecteurs, avoue que la situation actuelle est perturbante. « Rien ne t’efface a été écrit durant le premier confinement. Je venais de le com­mencer, j’ai poursuivi durant toute cette période. Je ne dirais pas que cela m’a arrangé, mais je m’en suis bien accommodé, j’ai pu m’y consa­crer pleinement. Aujourd’hui, on est passé à un autre stade : tout continue de fonctionner plus ou moins normalement, mais beaucoup de choses se font en visio … Est-ce qu’on est dans un nouveau monde ou une parenthèse ? On ne sait pas encore, même si nous avons maintenant une nouvelle façon de travailler», constate-t-il. Éternel optimiste, il ne se plaint pas et arrive même à déceler un côté positif au contexte actuel : « Pour nous, les auteurs, ce côté visio a du bon. On écrit chez nous, on sait qu’on a une heure de réunion en visio et on peut s’y remettre tout de suite après. Il n’y a pas une trop grande rupture d’écriture. Même si cela renforce Je côté solitaire devant son écran. Avant, on pouvait pester car on devait prendre un train pour aller à une réunion ou une rencontre, mais cela avait au moins Je mérite de nous faire sortir de notre tanière. Là, le risque est de rester enfermé comme dans une grotte. À nous de veiller à ne pas trop nous recroqueviller sur nous-mêmes, en tout cas, j’y fais très attention. »
On veut bien le croire, sachant qu’il ne rechigne jamais à passer du temps avec ses lecteurs. Il faut dire que, quand on évoque Michel Bussi, les chiffres sont faramineux, qu’il le veuille ou non. Dix millions de livres vendus, tra­duits dans trente-six pays, des adaptations en séries télé et en bandes dessinées à la pelle. Impressionnant !

La suite de l’article à découvrir dans le Alibi#5

Alibi#5 De Truman Capote à engrenages
Le polar, miroir de la société
Portrait de Michel Bussi l’un des plus gros vendeur de livre du pays.

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