Avec sa dégaine de voyou, l’ancien inspecteur devenu acteur, réalisateur et scénariste aime la police à l’ancienne, les films et les romans noirs. Derrière la grande gueule se cache un véritable amoureux du genre. Et une vie aux multiples facettes, où les succès sont aussi nombreux que les coups durs. Enquête de personnalité sur un écorché vif

Quand on évoque le nom d’Olivier Marchal, plusieurs qualificatifs peu reluisants arrivent rapidement : grande gueule, agaçant, brute, ingérable, ours mal léché, sale caractère. Voilà pour les plus sympathiques… Quand on passe un peu de temps avec lui, qu’on a l’occasion de gratter le vernis, on balaie d’une main tous ces clichés. En réalité, c’est un ours, certes, mais au coeur tendre, un être entier, un sensible, voire un hypersensible, un passionné aussi. Pas d’angélisme ici, il a ses défauts et ses qualités, comme tout le monde. Une chose qu’on ne peut lui retirer cependant : c’est un amoureux du polar, un vrai. Sa vie, sa carrière – ses vies et ses carrières plutôt –, d’abord comme flic puis comme acteur, réalisateur et scénariste, sont à son image : pas de place pour le fade, pas de trajectoire rectiligne, des hauts (très hauts), des bas (très bas). La lumière des projecteurs, le noir de nombreuses heures en compagnie de l’alcool et de la drogue. Le jour sur les plateaux de cinéma et de télévision, devant et derrière la caméra, la nuit dans la rue à arpenter le bitume et dans les bars. La sortie de son nouveau film, Bronx, nous permet de faire un point avec celui qui, après-Covid oblige, a un agenda de ministre et enchaîne les tournages, comme pour rattraper le temps perdu. Il vient de terminer dans les Landes celui de La Promesse, nouvelle série à venir en 2021 sur TF1 signée Anne Landois (ancienne showrunneuse d’Engrenages, un gage de qualité), et part tourner dans le Nord et en Belgique la prochaine saison des Rivières pourpres pour France 2, tout en assurant la promotion de son long-métrage… Ce dernier, compte tenu de la situation sanitaire, ne connaîtra pas le circuit classique des projections sur grand écran mais sera disponible directement sur Netflix. L’occasion, peut-être, de toucher un autre public pour le créateur de 36 quai des Orfèvres, MR 73 ou encore Les Lyonnais. Des films noirs, très noirs, des hommages à un genre qu’il adore et à un métier, celui de flic, qu’il aime encore, malgré tout.
Avec sa gueule de poulet (ou de canaille ?), marquée par les nuits blanches, nombreuses, son blouson en cuir élimé, ses yeux bleus, son air toujours fatigué ou à côté de ses pompes, on ne lui donnerait pas vraiment le bon Dieu sans confession. Il a l’air toujours en rogne, Olivier Marchal, mais ce n’est qu’une façade. Car quand on le lance sur certains sujets, il devient intarissable. Et la discussion peut durer jusqu’au petit matin… Lui qui a voulu être flic « dès l’âge de 10 ans » finit par se dire, avec le recul, qu’« [il] n’étai[t] sans doute pas fait pour ce métier ». Surprenant, mais à son image. Les deux faces de Marchal, comme le yin et le yang. « J’ai eu la chance de connaître la police judiciaire à l’ancienne », lâche-t-il, un brin nostalgique. Celle que l’on retrouve dans ses films, finalement. « Il y avait un côté rock’n’roll, la nuit, les bars, les putes, les copains voyous, les chefs de groupe comme dans les films, avec le costume troispièces, les pompes vernies, l’accent titi parisien. J’avais 21 ans, j’étais un enfant et je pensais : » Voilà, c’est ça qui me plaît, cette part d’ombre. » » Cette police, qui n’existe plus aujourd’hui, il l’intègre en 1980 au grade d’inspecteur, avec la citation d’Albert Camus en tête (« Le policier est au centre de tout ») et l’envie d’en découdre. « Ce n’était pas de faire condamner qui m’intéressait, c’était la chasse, les planques, les filatures », se souvient-il. Il intègre la brigade criminelle de la PJ de Versailles dès sa sortie de l’école. « À 25 ans, j’avais déjà fait une centaine de macchabées, c’est beaucoup. Il fallait que je sorte de là, ça allait me tuer. » Il quitte la Crim’ pour les Renseignements généraux, à la section antiterrorisme. Il y côtoie un certain Simon Michaël, lui aussi mordu de cinéma. Ce dernier écrit à ce moment-là le scénario du film de Claude Zidi, Les Ripoux, avec Philippe Noiret et Thierry Lhermitte.
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