Pionnière, la Dark Lady

La connaissance de l’ADN est le fruit de recherches de nombreux scientifiques. Parmi eux, une femme, Rosalind Franklin, a grandement contribué à l’étude de sa structure, notamment lorsqu’elle a réalisé le fameux« cliché 51 ». Elle a pourtant été, au départ (et comme beaucoup de ses congénères), oubliée par l’Histoire, avant d’être réhabilitée des années plus tard

Crédit photo : Rodnae Productions

Le 10 décembre 1962, dans la grande salle de l’Académie royale de Suède, se déroule la remise du prix Nobel de médecine en grande pompe. Les scientifiques Francis Crick, James Watson et Maurice Wilkins le reçoivent des mains du roi Gustave VI Adolphe en per­sonne. Une absence se fait néanmoins sentir – en tout cas a posteriori -, celle de Rosalind Franklin. La cher­cheuse, décédée en 1958, ne reçoit pas le titre parce qu’il ne peut être attribué à titre posthume. Au-delà de la mal­chance temporelle qui la prive de cette récompense, une spoliation de ses recherches a bien eu lieu et ce de son vivant, quelques années plus tôt.
Née en 1920 et issue d’une famille de la bourgeoisie juive, Rosalind Franklin reçoit de ses parents un cadre éducatif sérieux. Néanmoins, au sein de son cercle social, ce savoir acquis doit être destiné à conduire des œuvres caritatives ou, plus simplement, à faire la discussion à son futur mari, comme le veut la coutume chez les Franklin depuis des générations. Pourtant, l’appétence de Rosalind pour les sciences va très vite contrarier sa destinée. « Rosalind a toujours fait ce qu’elle a voulu », confiera sa mère bien plus tard. Avec une intelligence aiguisée, qualifiée d’ail­leurs d’« inquiétante» par sa tante pour décrire la petite fille de 6 ans qu’elle était, elle se tourne à l’adolescence vers la physique et la chimie et finit par rejoindre l’univer­sité de Cambridge contre l’avis familial. À cette époque, seules deux universités au Royaume-Uni acceptent les étudiantes, elles représentent alors seulement 10 % du contingent. Une fois franchie l’enceinte du bâtiment, les femmes ne peuvent toutefois se mélanger à leurs cama­rades masculins et doivent s’asseoir au premier rang dans l’amphithéâtre. Un contexte qui ne va pas pour autant décourager la chercheuse en devenir, qui s’intéresse à l’économie de la guerre alors en cours, et décide de se spécialiser dans le carbone, élément constitutif des masques à gaz. Et ses premiers travaux sont déjà reconnus par la communauté scientifique.

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